L'administration norvégienne...le mythe s'effondre

Je suis assez soulagée, Sophie Prud*nt, la responsable Erasmus de Sciences Po Paris vient d'accuser réception de mon dossier. OUF !
Oui, car je me devais d'enquêter à ce propos, nous parlions de nos expériences respectives avec les services administratifs et postaux de Delhi, les boîtes aux lettres inondées de Melbourne, la guichetière de Piton Saint Leu, la LMDE de Paris, la BNP de Saint Gilles les Bains...
Voici donc les folles aventures d'Alexandra et d'Erasme dans une université scandinave !

Vous vous souvenez du début de l'Auberge Espagnole quand Xavier se tape tous les bureaux pour partir en Erasmus à Barcelone ? Avec tous les contrats d'études (learning agreement pour les intimes), le formulaire E33 (maintenant remplacé par notre amie la CEAM), and so on ?
Disons que ça a été un peu plus simple pour moi mais pas beaucoup.
Sciences Po nous a filé en juin dernier un joli dossier dans nos boîtes e-mail, qu'il a fallu imprimer laborieusement à la bibliothèque de Sciences Po/d'Oslo/à la maison/dans un cybercafé au prix de pas mal d'attente ou de centimes d'€.
Il a fallu ensuite remplir tout bien comme il fallait, faire signer la liste de nos cours par Sciences Po et puis apporter tout le dossier à la fac.

JOUR 1, vendredi 24 septembre
Étape 1
Alexandra et Téodora apportent leurs papiers Erasmus au bureau des étudiants internationaux. La dame nous dit, "attendez, je suis nouvelle, je vais lire ma notice et je reviens" (true story !)
Elle revient. "OK, c'est pas ici, c'est dans votre faculté des sciences sociales, allez là-bas ils vont vous dire, mais je crois qu'ensuite ça doit aller dans votre département des sciences politiques et pis après à la coordinatrice Erasmus !". OK, cocotte, fais pas chier, on veut voir Ingrid G*uden, elle fait comme Bonux, 2 en 1, Erasmus et Sciences Po, on est au courant, fais nous confiance on a assisté à 3 réunions là dessus ! Bon bah visiblement "Euh je sais pas allez demander"
Étape 2
Alexandra et Téodora vont au point d'information dans le bâtiment des sciences sociales et attendent gentiment derrière la ligne jaune.
Elles donnent ensuite leurs papiers à la dame qui "va voir à qui revient de signer les papiers, parce qu'elle est pas sûre, elle va demander, mais revenez lundi ce sera signé". Sommes-nous vraiment les 2 premières à venir demander avec tous ces internationaux dans la fac ?

JOUR 2 Lundi 27 septembre
Alexandra vient chercher gaiement son dossier Erasmus et se place derrière la ligne jaune. Oh bah il est pas là. Reviens mercredi chérie, on sait pas où il est ton papelard, mais il est pas là donc faut attendre qu'il revienne de son grand périple.

JOUR 3 Mercredi 29 septembre
Alexandra revient au point d'information et patiemment sagement derrière la ligne jaune. Ooooh dommage ma puce, ton papier est toujours pas là. On est VRAIMENT désolés, on sait pas pourquoi il est pas revenu le coquinou, mais demain, la vie de ma mère on te le file.

JOUR 4 Jeudi 30 septembre
Étape 1 : avant le cours de norvégien
Alexandra fione la ligne jaune parce qu'il n'y a personne, youpiiii elle va pouvoir envoyer son dossier et être tranquilou ! En plus, elle doit aussi aller à la poste pour envoyer sa feuille de soin à la LMDE pour se faire rembourser. C'est con, parce le dossier n'est toujours pas revenu. Mais tu sais 10h, c'est méga tôt, quelle idée d'avoir cours aussi tôt ! Reviens après ma grande, on va téléphoner à Ingrid et lui dire de se bouger pour te faire son autographe.
Étape 2 : après le cours de norvégien.
Franchement, tu sais quoi ? C'est trop bête. Quelle idée de courir après un stupide papier qui va te rapporter tes bourses ? Nan franchement t'es vachement matérialiste comme fille, hein, qui a besoin d'argent ? saymal, attends qu'on t'envoie un e-mail pour te dire quand il est prêt ton truc.
Étape 3 : l'e-mail.
Je reçois à 17h un e-mail d'Ingrid G*uden, m'encourageant chaleureusement à venir chercher mon dossier rempli à son étage.

JOUR 5 Vendredi 1 octobre
Alexandra se recoiffe dans l'ascenseur, telle la femme des temps modernes dans un clip de Michel Sardou, aujourd'hui est un grand jour, elle va poster son dossier Erasmus, l'Histoire s'en souviendra !!
Euh, ou pas. L'Histoire se souviendra surtout que, ce vendredi, Ingrid G*uden m'invite chaleureusement à venir admirer la porte de son bureau fermée, pour cause de vacances jusqu'à lundi midi.

JOUR 6 Lundi 4 octobre
Alexandra et Téodora commencent à en avoir plein le popotin du dossier Erasmus, de la petite ligne jaune et de la porte d'Ingrid G*uden. Finalement, on entre dans son bureau, que même quand je jouait aux Legos dans ma chambre à 4 ans c'était mieux rangé, elle trouve les papiers de Téodora mais avait oublié de signer la moitié, et elle me dit qu'elle a envoyé mes papiers en bas. Je descend, évidemment, non ils étaient toujours dans son bureau, donc Téodora me les a descendus.
Wooouuh trop d'émotions pour aujourd'hui, j'irai à la poste demain ! Sage décision, car les services postaux norvégiens sont aussi sympathiques que ceux de Piton Saint Leu, le zouk love et le SDF imbibé au rhum Charette en moins.

À vrai dire, à Oslo, je n'ai pas encore vu de bureau de Poste à part entière, je n'ai vu que des guichets ou des automates à l'intérieur des supermarchés.
Il a fallu que je leur explique un bon moment que je voulais envoyer ma lettre de 160 grammes en France et que Sciences Po c'était le nom de mon université donc ils peuvent recevoir du courrier ! De même pour expliquer que je voulais une preuve que Sciences Po l'a reçu, pas une preuve que je l'ai déposé, au cas où ça se paume dans les services de Sciences Po. Le jeune homme était stagiaire et ne savait pas quoi faire alors il a demandé à une supérieure, j'ai dû répéter et attendre, les regarder secouer ma lettre, poser un carton dessus pour que ça pèse plus lourd (c'est méga vicieux !!)...pour payer au final 23€ pour un pauvre recommandé avec accusé de réception, qu'ils ont jeté sauvagement dans une sorte de poubelle. Ça fait un peu mal aux fesses.
Autre déboire avec la Poste pour changer mon adresse quand j'ai déménagé. Le mec me tend un formulaire en norvégien donc je lui demande un peu d'aide parce qu'à part Nav et Etternav je comprend que dalle. Et là il me demande mon numéro d'identité norvégienne, que je n'ai pas encore reçu, et comme je ne l'ai pas bah ça peut pas marcher. Je lui dit, "mon chou, j'ai besoin de recevoir mon courrier pour l'avoir ce numéro norvégien" (sourire Betty Boop + battements de cils) / ah ben vous n'avez qu'à garder la clé de votre ancienne boîte aux lettres/euh toi pas comprendre, moi changer d'appartements, moi rendre clés demain !/ah ben alors revenez demain, on va trouver un arrangement pour garder votre courrier jusqu'à ce que vous ayez le numéro norvégien ça sera plus facile !
Ce qui serait plus facile c'est que je revienne plus tard pour trouver un mec différent qui comprenne mieux...oouuuh c'est dur la vie !

Ah, j'ai oublié de vous dire. Pour avoir le numéro norvégien, il a fallu que j'aille me faire enregistrer à la police, parce que je n'ai pas pu donner à temps à la fac ma Carte Européenne d'Assurance Maladie puisque la LMDE (que j'ai harcelée cet été, remember!) ne m'avait pas envoyé à temps la-dite carte. 2h d'attente à la police pour s'entendre dire "vous n'avez pas rempli le formulaire sur Internet, revenez demain". C'est pas le truc d'une administration de nous faire gratter des formulaires quand on est dedans ?? 2h d'attente encore pour obtenir le permis de résidence. Après ça il faut s'inscrire au registre du peuple pour recevoir par la Poste le fameux numéro norvégien. 30 minutes pour trouver le-dit registre qui se trouve en face du poste de police. Skat Ost, quelle idée d'appeler ça comme ça qu'on comprend rien, il pouvait pas trouver un mot style Folk Registeret ? Bref, je l'attend encore ce numéro norvégien. J'en ai besoin pour ouvrir un compte en banque. Je sens que ça aussi, ça va être marrant...Décidément, le mythe s'effondre !!!