International dinners

J'écris cet article après mon deuxième goinffrage de la semaine. Et nous sommes mardi. La semaine sera longue...

Hier, premier International dinner à Chateau neuf, la salle de l'université à disposition des associations d'étudiants, et où a notamment lieu l'International Coffee Hour.
Le concept : chacun apporte quelque chose à manger, cuisiné ou non pour faire découvrir son pays, possibilité de constituer des équipes.

J'ai donc préparé le truc le plus pratique et rapide que je pouvais, car je vous rappelle, et là j'ai dû faire appliquer le principe d'optimisation sous contrainte, que :

1) ma cuisine tellement sale et puante, qu'aucun met concocté autrement que dans les limites de ma casserole n'entrera dans mon organisme ou celui de mes amis

2) j'avais assez peu de temps devant moi, ayant 2 cours de 3h et 2h le lundi, et il fallait en plus que je traite mes cheveux à l'anti poux

Vous n'aurez pas les images, parce que, quand même, on est pas à Secret Story. Mais si vous êtes sages, un jour vous aurez peut être, en guest star une photo de ma poubelle.

Tout ça pour dire que j'ai simplement ramené du pain perdu dans ma boîte Ikéa. Les autres français, originaires de Sciences Po Rennes, avaient fait des crêpes. Une autre française d'Annecy a apporté une quiche lorraine, et n'ayant pas trouvé de lardons elle avait visiblement opté pour le salami...c'est un choix comme un autre...
Mais alors, cette soirée a été une révélation pour mes papilles.
J'ai goûté des plats absolument fantastiques.

Tout d'abord, un grand coup de chapeau à la salade de pommes de terre slovaque, appelée aussi bryndzové halušky. Vous me direz "C'est jamais que des poootates", eh bien oui mais le fromage slovaque et les petits cubes de jambon fumé transcendent tout <3
Deuxième prix pour les gnocchis sucrés polonais et les chocolats fourrés à la guimauve, comme ces petits oursons dont je raffolais quand j'étais gamine (c'est à dire que j'en raffole toujours ^^) dont le nom exact est ptasie mleczko (chacun des termes signifie respectivement "oiseau" et "lait pour bébé/lolo")
Troisième prix pour la polenta roumaine au poivron rouge de Téodora =D
Mes félicitations au pain d'épices lithuanien et ma mèèèèèère pour un autre morceau de lamington !!! De la génoise trempée dans du chocolat noir et du coco râpé <3 <3 <3

Toutes ces bonnes choses m'ont juste fait voyager à travers l'Europe et en même temps ramenée un peu dans l'Océan Indien...c'était vraiment un chouette moment =)

Aujourd'hui, c'était un peu différent, je devais retrouver ma classe de Gender Equality in the Nordic Countries (le cours magistral ressemble plus à un électif puisque nous sommes 25 environ) pour un tour à travers la ville pour observer les relations hommes-femmes sur le terrain sociologique.
C'était assez intéressant de voir que, si les publicités norvégiennes sont très peu sexistes comparées à ce qu'on peut voir en France (femmes nues sortant d'un gâteau, femmes nues sur une moto, etc.), les vêtements, plutôt unisexe de part leur forme (souvent des vêtements sportswear) réinstaurent la division sexuelle à travers les couleurs rose/bleu. De même, si on voit beaucoup de Papa avec des poussettes, nourrissant patiemment Bébé pendant que Maman regarde ses ongles de pieds, dans les cafés point de jeunes filles seules (ça ne se fait pas, on les prendraient pour des prostituées) ni de bandes de jeunes mixtes, mais des groupes garçons-garçons et filles-filles séparés dans l'espace.

Après ces observations intéressantes, RDV dans une pizzeria pour une sorte de dîner de conférence avec Elisabet, notre prof (oui, en Norvège, on appelle le prof par son prénom et c'est d'autant plus ambigu avec le "you" ^^), qui nous régale aux frais du centre de recherches sur les genres.
Très bonnes pizzas entre 140 et 270 NOK l'unité (17 à 33€), grignotées en discutant avec tout le monde : Nina, mon amie polonaise de mon groupe d'inté, Lale professeure en Azerbaïdjan qui vient écrire un livre sur la Norvège, Jonathan de Berkeley, Katrina de Toronto, Andrea des Pays Bas, Eun Seun sud-coréenne, Mayu japonaise, Renate, Mina et Mia, norvégiennes (Mia étant notre amie transexuelle M to F), Inès polonaise et adorable également (j'ai l'impression d'être sa petite soeur, elle est trop choue <3)...

Nous avons pas mal discuté de la société norvégienne avec Elisabet également, et il semblerait que la Norvège, même si on la place en position de mythe depuis l'Europe de l'Ouest, a connu à peu près le même développement que nos pays.
Il est vrai que la Norvège n'a pas connu de système féodal aussi fort qu'en France par exemple (impossibilité d'avoir de grandes propriétés donc pas de noblesse, des paysans assez nombreux et forts face aux bourgeois) et donc avait de meilleures chances pour être un pays très égalitaire. Mais par l'appel à l'immigration durant les 30 Glorieuses, l'enrichissement d'une élite par le pétrole et le démantèlement par la suite de certaines parties de l'Etat Providence ont fait croître les inégalités. Les norvégiens ont beaucoup lutté contre les inégalités de genres, mais les inégalités sociales se sont fortement accrues. Il semblerait également que la société se soit beaucoup individualisée et que, désormais, les nouvelles générations soient plus libérales et acceptent moins que l'État régule ainsi la vie des individus.
Mais aussi, les norvégiens ont tenté à tous prix d'assimiler les Samis dans un premier temps, ils n'ont pas toujours été aussi tolérants et égalitaires que leurs politiques et leur Constitution le laissent présager (2 peuples: norvégien et sami ; 3 langues : le bokmaal, le nynorsk, le sami)
Enquête à suivre puisque j'aurai bientôt un cours sur la valeur d'égalité dans la culture norvégienne :P

Autre fait rigolo : Elisabet a 3 enfants, 1 fils et 2 filles. Son mari est décédé il y a 6 ans, elle a la cinquante-soixantaine et pensait finir sa vie avec ses chiens et chats quand elle est tombée amoureuse d'un français. Elle guettait son téléphone portable car il était censé lui envoyer un SMS pour lui raconter sa journée à faire les vendanges...