Le métro à Oslo, c'est sympa.
Oui, oui, mon ami provincial ou ultramarin, moi Alexandra,venant du bled de Piton Saint-Leu et débarquée de force à Paris dans mon besoin karmique d'accomplir ma vocation sacrificielle à faire Sciences Po, je trouve le métropolitain SYMPA. Mais à OSLO.
Parce que le métro à Paris, c'est gris, c'est moite, c'est bactérogène et allergisant, c'est boueux, ça pue la graisse chaude, la vinasse et la pisse des malheureux qui sont arrivés après la distribution de tentes Quechua. À Paris, dans le métro, ça se bouscule, ça s'arrache le dernier Direct Matin, ça se colle les uns aux autres à l'heure de pointe en grognant. Quand je dis métro, j'entends déjà le bip du pass Navigo, le tuuut de fermeture des portes, je pense au petit lapin sur la porte « papincélédouadanlaporteouysafémal » et puis aux accordéons qui nous exaspèrent avec leurs chansons redondantes.
Maintenant que je commence à avoir l'habitude de le prendre, je me permets de me planter les écouteurs dans les portugaises quand je ne trouve personne que je connaisse sur le quai – ce qui est assez rare en fait, et tous les matins j'ai l'impression bizarre d'aller à Arcueil, vous connaissez cette sensation, lorsque sur le quai de Denfert ou de St Michel vous reconnaissez tous les Sciences Po se dirigeant vers l'abattoir ?
Mais bref, ce matin par exemple, j'ai pu me lover confortablement dans un siège mon Ipod dans les noreilles.
Petite étude sociologique des occupants du wagon.
Il y a les norvégiennes grignotant leur collation ou déjeuner (certains norvégiens mangent très tôt : 10h pour le déjeuner, 18h pour le dîner), le traditionnel Matpakke, à savoir le pain brun avec sa tranche de fromage Norvegia et des rondelles de concombre ou de la confiture. Blondasses-bombasses en train de discuter en «jeg » et en « du », grignotant leurs rondelles de concombres.
Playlist : Platinum Blonde Life, Gwen Stefani
Blonde comme moi, BB Brunes
Belles, belles, belles, Claude François
Il y a les étudiants asiatiques, déjà plongés dans leurs bouquins d'éco, de physique ou de bio. Ils m'effraient. Playlist : BOF des Dents de la Mer et Psycho
Et puis là, un mec trop classe, super bien habillé, n'a même pas froid avec sa chemise au col ouvert, le petit blazer bleu marine, la demi-Rolex. Et le détail qui fait la différence avec nous pauvre prolo : la façon dont il tient négligemment son sac de la librairie Akademika du bout des doigts. Trop la classe. Parce quoi toi, ça te fais tellement toujours mal d'avoir claqué 150€ pour des bouquins, que tu les range chacun dans un sac plastique isotherme, tu te désinfecte les mains et tu mets des gants avant de les manipuler précautionneusement, et surtout ô surtout, ils ne quittent jamais tes pauvres genoux de prolo ou ton sac fermé par un cadena de prolo.
Playlist : If I was a rich girl, Gwen Stefani
Material girl, Madonna
La Bohême, Charles Aznavour
Camarade bourgeois, Renaud
Il y a la fille qui tricote (oui, il y a toujours une fille qui tricote dans le métro ici, ça s'appelle du bon sens !). Je me dis que vraiment elle est douée, faire de si jolie rayures...quand moi au crochet, je n'ai jamais su que tourner en rond...mais quand même, rouge et gris c'est pas très coulourful quoi.
Playlist : Black and blue, BB Brunes
Monochrome, Yann Tiersen
Y'a d'la joie, Charles Trenet
Life in technicolors, Coldplay
Petite pensée pour l'hiver qui viendra...bientôt, puisque nous sommes fin août et qu'il fait 12°...j'observe une fille over-emmitouflée
Playlist : À la faveur de l'automne, Tété
Early winter, Gwen Stefani
J'veux du soleil, Mano Solo
L'espoir fait vivre, Benjamin Biolay
Illusion, Beni Benassi